Art Basel 2014

La 45e édition d’Art Basel, la plus grande foire internationale d’art contemporain au monde, a fermé ses portes hier à Bâle. Fin’Art Consulting livre son regard sur ce cru 2014.

La grand-messe de l’art contemporain a encore été un succès cette année, en témoignent les 20 000 visiteurs supplémentaires par rapport à l’année dernière. L’offre de galeries, plus resserrée qu’en 2013, est révélatrice d’une sélection toujours plus pointue et exigeante de la part du comité, qui reçoit chaque année plus de 1000 candidatures. Ce système est un gage de qualité des exposants et des oeuvres que ceux-ci présentent : tous gardent les plus belles pièces pour Art Basel, à l’image de Hauser & Wirth (Zurich, Londres, New York), dont le directeur exécutif Florian Berktold explique « Nous travaillons jusqu’à la dernière minute à mettre de côté les meilleures œuvres provenant des ateliers de nos artistes et du second marché. La stratégie est simple : nous visons à présenter seulement les meilleurs œuvres ! » (1)

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Art Basel et le marché

Cette cuvée 2014, saluée par la presse et par le milieu du marché de l’art, fut sans conteste une vraie réussite. Nombreuses étaient les œuvres réservées avant même le début de la foire, et plusieurs exposants ont rencontré un franc succès dès mercredi 18 juin, comme Xavier Hufkens (Bruxelles) : « C’est presque sold out en un jour » (2).

Cet engouement s’explique par la renommée d’Art Basel d’abord. S’appuyant sur la ville de Bâle, ancrée dans une tradition de mécènes et de collectionneurs, la foire rassure. Créé en 1970, elle a également l’avantage de l’ancienneté. Devenue avec le temps une véritable marque, elle s’est exportée récemment à Miami et à Hong Kong. Autant de gage de confiance pour les collectionneurs.

Mais outre la marque Art Basel, se sont les dernières ventes aux enchères riches en records qui ont mis en lumière la bonne santé du marché de l’art, rassurant ainsi investisseurs et passionnés. De plus, en conservant des prix raisonnables, la foire a confirmé que ces grands évènements d’art contemporain permettent d’acheter à des prix beaucoup plus raisonnables qu’en ventes aux enchères. La grande variété des artistes présentés, doublée de la sélection drastique des galeries exposantes, permet d’acquérir des œuvres de jeunes talents émergents aussi bien que celles d’illustres artistes.

Incontournable pour tous les acteurs du marché de l’art, Art Basel permet chaque année de prendre le pouls du marché et de desceller les tendances à venir. Révélatrice de la vigueur du marché, cette 45e édition a largement dépassé toutes les attentes.

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L’édition 2014
La foire est divisée en plusieurs secteurs. Outre « Galleries », qui accueille les traditionnels stands des exposants, trois sections sont particulièrement prisées des collectionneurs : « Statement », « Feature » et « Unlimited ».

« Statement » regroupe des installations ou des ensembles d’œuvres conçues comme de véritables projets et réalisées par des artistes émergents. Ils étaient 14 à s’y essayer cette année. Parmi eux, Ellie Ga, représentée par Bureau (New York), expose une installation comprenant vidéos, sculpture et œuvres graphiques. L’artiste part de la 7e merveille du monde, le phare d’Alexandrie, et dérive vers des formes géométriques à partir de l’architecture supposée du monument perdu.

« Feature » est pensé sur le même modèle que le secteur précédent, mais les projets sont cette fois réalisés par des artistes établis. Parmi les 24 artistes à se prêter au jeu, l’argentin Julio Le Parc (né en 1928) a encore fait sensation. Éminemment reconnu à l’international depuis 50 ans, il est représenté à Bâle par Bugada & Cargnel (Paris), à travers une série de ses œuvres historiques, depuis ses peintures abstraites jusqu’à ses mobiles explorant le mouvement et les jeux d’ombre et de lumière.

« Unlimited » enfin, est le secteur le plus impressionnant d’Art Basel. Occupant l’intégralité du Hall 1, l’ensemble regroupe 78 projets aux dimensions monumentales : peintures, sculptures, installations et vidéos qui dépassent le cadre traditionnel du stand d’exposition. Parmi ces œuvres de grande envergure réalisées par des artistes reconnus ou émergents, Untitled (Pallet 9, Pomona) de Sam Falls a particulièrement séduit. Représenté par la galerie Eva Presenhuber (Zurich), l’artiste explore l’anéantissement de l’art en exposant une toile orange de très grand format aux effets du soleil. L’artiste américaine Kara Walker, qui vient de rejoindre la galerie Victoria Miro (Londres) et qui bénéficie d’une forte actualité aux Etats-Unis cet été (3), présentait à Bâle ses célèbres silhouettes de papier découpé sur un mur de plus de 10m de long.


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Oeuvres de Sam Falls, galerie Eva Presenhuber   &   Kara Walker, galerie Victoria Miro

Unlimited Art Basel 2014, © MCH Messe Schweiz (Basel) AG

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Art Basel en chiffres

• 140 000 mètres carrés de surface d’exposition.
285 galeries présentes, contre 304 l’an dernier. 24 d’entre elles exposaient à Bâle pour la première fois.
plus de 4 000 artistes représentés.
92 000 visiteurs environ, contre 70 000 en 2013.

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Notes
(1) Propos recueillis par le Journal des Arts, n°415, 6-19/06/2014, « Art Basel, une mécanique bien rodée »

(2) Quotidien de l’art, n°626, 18/06/2014, « Démarrage sur les chapeaux de roue sur Art Basel », par Roxana Azimi

(3) Du 10 mai au 6 juillet 2014 : A Subtely de Kara Walker, sculpture de plus de 22m de haut constituée de 73 tonnes de sucre sur polystyrène, exposée à la Domino Sugar Factory à Brooklyn (New York)

Visuel couverture 

Julio Le Parc, galerie Bugada & Cargnel, © MCH Messe Schweiz (Basel) AG

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